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“ Once upon a time... „« Vous devez savoir quelque chose, je ne regrette rien, ni mes choix, ni mes actes, ils ont fait ce que je suis aujourd’hui. Je ne dis pas qu’ils sont les mieux, ni les plus judicieux, j’ai perdu des gens à cause de mes choix mais c’était un mal nécessaire. D’accord, c’est vrai. Parfois j’ai pris, comme les meilleurs d’entre nous, des décisions irréfléchies. De mauvaises décisions. Des décisions que nous savons déjà que nous allons regretter sur le moment, à la minute, ou plus précisément le matin qui va suivre. Je veux dire peut-être pas regretter, regretter parce qu’au moins on aura été capable de prendre un risque. Mais quand même... quelque chose au fond de nous décide de faire une folie. Une chose dont on sait qu’elle va forcément se retourner contre nous. On le sait, mais on le fait quand même. Ce que je veux dire c’est... on récolte ce qu’on sème. On a ce qu’on mérite. C’est le karma et peu importe comment vous voyez sa, votre karma vous empoisonne. Je crois que le mien a capitulé »E.M.Storm
Chapitre I : Jacques a dit cours « Eupho’ réveille-toi papa a encore fait une crise de délire » J’ouvris mes yeux chocolatés, brusquement et les plongeant dans ceux de mon frère apeuré et essoufflée. M’asseyant tranquillement en tailleur sur mon lit, pris une profonde inspiration
« Maman n’est pas là ? » « Non elle rentre demain matin » Baissant les yeux je pris ma tête entre mes mains, me retenant pour ne pas hurler.
« Il a bu quoi ? », Je savais parfaitement que s’il avait fait une crise s’était en grande partie parce qu’il était alcoolique depuis cinq ans, date à laquelle il s’est fait licencié de son poste d’homme d’affaire reconnu pour devenir une loque.
« Whisky et je crois qu’il a pris de la Cocaïne » « Ok, où est Gaïa ? » « Avec papa » Je me levai en trombe, mon frère, ma soeur et moi savions qu’il était incontrôlable lorsqu’il était dans un état second. J’arrivai dans le Salon, ma sœur, Gaïa tentait de raisonné notre père, elle était l’ainée et avait tout juste quinze ans. Cependant depuis 5 ans c’était une habitude de raisonner notre père la nuit alors qu’il n’allait pas bien. Il me jeta, alors, un regard avant de prendre la parole
« Regarde Andrew ta sœur est magnifique, hum… Crois-moi elle doit en faire band… » « PAPA ! » J’avais crié, j’étais profondément choquer par les propos de mon père surtout qu’il s’adressait à mon jeune frère d'un an mon cadet.
« Oh je t’en prie Euphoria, ne dis pas le contraire ! » « Papa, on va se coucher viens… » Gaïa commença à le lever doucement, pour tout réponse le gros porc qui me servait de père lui envoya une droite sur la joue, la projetant à terre avec un petit rire. Par instinct, je pris ma sœur jeune sœur par la main la menant derrière moi. J’ignorais ce qu’il allait se passer et j’avais peur, pour la première fois en treize ans, j’avais réellement peur, la jeune fille que j’étais, était tétaniser devant cet homme aux cheveux blond qui inspirait la confiance en bon homme d’affaire qu’il était, en temps normal. Je reculai d’un pas mon frère toujours derrière moi, il s’approcha de moi doucement et je pu voir toute la folie dans ses yeux, les même qui m’avaient lu tant d’histoire quand j’étais enfant. Je fermai les yeux, attendant inquiète de ce qui allait m’arriver.
« Espèce de porc !! » J’ouvris les yeux, Gaïa était debout, la bouche en sang le défiant du regard, il se tourna et fondit sur elle la rouant de coup. Cassiopée hurla, je me jetai sur mon père, essayant de l’écarter, il ne pouvait pas faire ça à sa fille. Je pleurais, je criais de rage, alors que le visage de mon ainée était défiguré, je compris alors qu’il ne s’arrêterait pas avant qu’elle ait émis son dernier souffle. C’est ce qu’il se passa, il s’arrêta jetant deux mots qui semblait être
« Bonne nuit » Je voulais crier, lui hurler dessus mais tout ce je pouvais faire c’était rester avec Gaïa, en larmes, sa main dans la mienne
« Gaïa, ma chérie, reste avec moi je t’en supplie, Gaïa ne nous laisse pas avec lui, Merci ma douce merci de nous avoir sauvé je ne veux pas imaginer ce qu’il aurait fait » « Chut ma sœur, je l’ai pour nous, Je… Je… » Ses dernière paroles se perdirent et bientôt elle poussa son dernier soupir. Je ne souviens juste être resté là à pleurer toute la nuit, gardant sa main dans la mienne avec cet espoir inimaginable qu’elle revienne, qu’elle s’en sorte. Après ce qu’il s’est passé n’est qu’un trou noir, aussi noir que l’enfer.
Chapitre II : Jacques a dit vole La douleur peut se manifester sous différentes formes. Ça peut être un petit pincement, une légère irritation, une douleur lancinante, une douleur que l’on supporte tous les jours. Et il y a le genre de douleur que l’on ne peut pas ignorer. Une douleur si grande, qu’elle bloque tout le reste. Et fait disparaître le reste du monde ! Jusqu’à ce que la seule chose à laquelle on pense, c’est à quel point on souffre ! La façon dont on gère notre douleur dépend de nous. La douleur... On l’anesthésie, on la surmonte, on l’étreint, on l’ignore... Et pour certains d’entre nous, la meilleure façon de gérer la douleur, c’est de foncer tête baissée. La douleur... Vous devez arriver à la surmonter. Espérer qu’elle disparaisse d’elle-même, espérer que la blessure qui la cause se referme. Il n’y a pas de solutions, pas de remèdes miracle. Vous devez respirer à fond et attendre qu’elle s’estompe. J’étais assise dans le couloir du troisième étage, une cigarette à la main, c’était la seule chose qui faisait que la douleur s’estompait un peu. Plongée dans mon livre de chimie il devait être près de seize heures et j’avais encore une heure avant le prochain cours et je m’efforçais de me concentrer sur la composition d’une formule barbare qui n’avait pas vraiment d’intérêt pour moi mais qui avait au moins le mérite d’accaparer toute mon attention. Je ne voulais pas penser à ma sœur, ne pas penser à sa mort, ne pas penser à Leah et à sa maladie qui la rongeait, J’avais quatorze ans et de trop petite épaule pour tout supporter.
« J’ai quelque chose de plus fort si tu veux ? » Je levais la tête vers la voix qui venait de s’élever dans le cours désert, un regard noir et froid accroché à mes yeux chocolats, qui avaient eu un air si enfantin il y a quelques mois « Fume ça… ça ira mieux après »
« Qui te dit que je vais mal ? » Le jeune garçon se mit à rire légèrement et s’assit à côté de moi en allumant son joint.
« Je t’en prie, ma belle, seule à réviser tes potions avec une cigarette à la main vu ton regard, non tu ne vas pas bien, je me fiche du pourquoi prend ça et tu me remercieras plus tard » joignant les gestes aux paroles il me tendit son cône avec un petit sourire en coin. Je l’ai pris et j’ai aspiré la première barre. Ce que j’ignorais c’est que celui-ci devint le premier d’une longue, très longue lignée et je ne me suis pas arrêté qu’au joint. Le jeune élève s’entreprit à me faire découvrir tous les « créateurs de rêves » comme il les appelait. Et ce jour-là était le premier jour de ma lente descente aux enfers et du reste de ma vie. Je l’ai laissé s’emparer d’une partie de moi, d’une partie de ma vie, il ne savait pourtant pas grand-chose sur celle-ci, mise à part que je ne parlais jamais de mon père et que j’avais une unique sœur cadette, seul Leah savait la vérité à l’époque pour Gaïa à cette époque et je m’en réjouissais, ça me permettait d’avoir un semblant de contrôle sur le jeune homme, un semblant seulement car en réalité il m’avait englobé toute entière, avec un peu de recul si je n’avais pas accepter ce premier joint, ma vie aurait pu être tout autre… Ou pas en réalité … haha.
Chapitre III : Jacques a dit marche « Mademoiselle Storm, écoutez si vous ne coopérez pas je vais me voir dans l’obligation d’augmenter nos séances » Je plantai mon regard de celui de mon psychologue, un regard dur tellement plus sombre ce que j’avais il y a quelques mois
« Et vous pensez que ça sera utile, si je dis rien maintenant, je ne vois pas l’intérêt de rajouter des séances, je n’en dirais pas plus » L’homme, un rouquin d’un mètre quatre-vingt, se leva et s’avança vers la fenêtre.
« Il faut que vous en parliez Euphoria, votre père a tué votre sœur ainée devant vos yeux et… » « et il va croupir en prison jusqu’à la fin de ses jours, fin de la conversation ! » « Euphoria ce n’est pas bon, vraiment pas bon que vous gardiez tout pour vous » « Je vous emmerde vous savez quoi, ça fait trois ans je viens ici et qu’on parle de la même chose, la vie est trop courte pour se lamenter sur le passé, je veux aller de l’avant oublier cette nuit qui remonte à trois ans, oublier la douleur, oublier les pleurs, oublier son visage, je veux vivre l’instant présent sans me soucier de l’avenir » J’allumai une cigarette et inspirant une profonde bouffée, souriante voyant que je me détendais un peu. Un lourd silence s’installa, je plantais mon regard chocolaté dans les pupilles émeraudes de mon psy, il me toisa un regard sévère,
« Vous savez qu’il est interdit de fumer en consultation ? » « Parce qu’on est en consultation ? Je pensais que je faisais passer le temps avant votre prochain patient » J’avais retrouvé un regard innocent d’une jeune fille de 16 ans tout à fait normale, mon sourire enfantin accentuait cet air candide que j’aimais me donner de temps à autre, tellement aux antipodes de ce que j’étais réellement.
« Vous avez des nouvelles de votre mère ? » Mon visage se ferma automatiquement et mes traits se durcirent,
« De temps à autre quand je vais chercher ma sœur pour le week-end » « Vous êtes émancipée c’est ça ? » J’acquiesçai avec un sourire, ce fut la seule chose positive en trois ans, mes grands-parents paternels m’entretenaient financièrement, je les soupçonnais de faire ça à cause de mon père, ça ne me gênait pas, je pouvais payer le loyer, mes affaires scolaires et acheter quelques substances illicites de temps en temps sans que l’on me pose des questions. Heureusement Andrews, ma jeune sœur venait passer quelques jours chez moi pendant les vacances en dehors des cours, il était ma bouée de sauvetage dans ce monde ma bouffé d’oxygène, celui qui me connaissait le mieux avec qui je pouvais être naturelle sans être jugé, le seul avec qui l’on parlait de Gaïa de temps en temps, le seul avec qui je trouvais mon salut et qui arrivait à me libérer des enfers dans lesquels j’étais enchainée.
« Hum hum… Bien notre séance est terminée »dit-il tout en notant quelques phrases sur son calepin ocre. Je me levais, cigarette dans la bouche, encadrée par mes doigts fins, je la retirais et souris
« Bien, c’est la dernière fois que vous me voyez Monsieur Stork » Claquant la porte derrière moi, je vis Andrews attendre dans le couloir, un sourire blême encadrait son visage angélique. Par habitude, je le pris dans les bras, embrassant son front glacial, j’étais peut-être trop protectrice avec lui, mais, j’en avais besoin, je besoin presque obsessionnel de le sentir vivant et de sentir son cœur battre contre moi.
Chapitre IV : Jacques a dit rêve La musique ambiante, me plongeait dans une sorte de léthargie avancée, allongée sur le sofa du petit appartement de Norwich, les yeux fermés, j’étais sereine pour la première fois depuis des mois. Une main vint s’amuser avec mes cheveux, je souris et en réponse à ce dernier le jeune homme planta un baiser sur mon front.
« Tu veux du joint Eupho’ ? » J’ouvris instantanément mes pupilles ambrés avec une petite étincelle à l’intérieur, Oliver prit deux-trois bouffées avant de me le passer. Dès le la première inspiration je sentis à quel point cette horrible chose m’avait manqué, à quel point il était bon de sentir la fumée s’infiltrer en soi.
« Dis-moi tu restes dormir ce soir ? » « Hum… Ce n’est pas exclu » Oliver était simplement magnifique, un mètre quatre-vingt-neuf tous en muscles et en grâce, brun ténébreux, le jeune homme de vingt et un ans posait sur moi un regard attendrissant et protecteur et j’aimais ça. Je m’asseyais et Malwin vint s’asseoir à côté de moi, regardant Oliver d’un air de défi,
« Tu aimes coucher avec des impuissant Storm ? » « Je ne coucherais pas avec toi sinon » L’homme se mit à rire
« Wow ça fait mal, ça Storm » Je souris avant de me lever et de traverser la pièce pour sortir. L’air frais me faisait du bien et j’avais besoin de me sentir seule quelques minutes. Pourquoi cette sensation de sérénité c’était évaporé pour laisser place à un certain mal être inexpliqué ? Une main se posa sur mon épaule
« Casses toi ! Je ne veux pas de ta pitié, de ta compassion de faire comme si tu comprenais, tu ne comprends pas et tu ne comprendras jamais » « Eurydice… » « Ferme-la et tiens moi les cheveux, j’ai envie de gerber » « Merde chérie tu déconnes pourquoi t’as autant bu »
« Fuck Ok ! » Je m’allongeais dans le couloir regardant le visage de mon amie, j’étais entourée, j’étais la petite Eurydice la fille extravertie, attachante et drôle, la brillante jeune fille si sage en cours, une fille tellement propre sur elle tant qu’on ne m’avait pas vu en soirée, j’avais une fâcheuse tendance à l’autodestruction, je voulais vivre ma vie vite, gouter à tout et ne rien regretter surtout ne rien regretter alors oui je me laissais aller à chaque plaisir de la chair, peu importait avec qui, l’amour je ne le connaissais pas, je ne voulais pas le connaitre je savais juste que ça faisait mal, terriblement mal.
« On rentre ? » La jeune femme planta son regard dans le mien et avec un sourire me releva. « Il faudra un jour que tu me dises pourquoi t’es comme ça »
« Ca tu peux toujours crever » Je lui souris, nous rentrâmes dans l’appartement et Oliver vint planter ses lèvres sur les miennes.
« Viens, abandonnons–les une petite heure » « Tu as espoir que ça dure aussi longtemps ? » Chapitre V : Jacques a dit aime Un café Londonien, il était quinze heures. La cuillère de mon café résonnait, d’un bruit strident contre la porcelaine ivoire, mélangeant le doux liquide noir de manière homogène. Mes yeux chocolatés scrutaient la porte d’entrée, mes inspirations et expirations étaient régulières, calmes et silencieuse, mes doigts squelettiques tenaient cette cigarette qui semblait greffer à mon bras depuis des années et que je ne comptais pas laisser filer, la fumée sortait de ma bouche naturellement ; une sale Habitude, très sale habitude dont je n’étais pourtant pas prête à lâcher prise. Et puis je la vis, Andrew, jeune frère qui allait presque sur ses vingt ans, avait bien grandi, il vivait chez notre tante aux Etats-Unis et nous nous voyions environ un mois sur deux autour d’un café. Il faut dire que ce mois-ci j’en avais particulièrement besoin, revoir mon frère et une tête familière dans les parages me ferait le plus grand bien. Leah était en hôpital psychiatrique suite à la mort d’Owen, son petit ami et je me rendais compte que j’étais à un tournant de ma vie, il fallait tourner une page enfin, dire au revoir à cette vie d’avant, qui avait laissé des séquelles bien plus profondes qu’il n’y paraissait, mon père état finalement sortie de prison sous conditionnelle, stupide avocats… Mes doigts empoignèrent avec plus de fermeté la cuillère avant qu’un sourire angélique s’affiche sur mon visage, Andrew était là. Habillé simplement mais toujours classe, cette aura de pureté et d’insouciance ne l’avait pas quitté tout ce temps, il n’avait pas changé à quoi bon il était parfait ainsi. Nous étions comme les deux phases opposés d’une pièce, le Storm sage et candide et moi… plus extravertie dirons-nous, certains de nos amis doutaient de notre liens de parenté tellement que nous étions différents pourtant il n’en restait pas moins mon frère, celui qui me ramenait au port.
« Salut Eupho ! », il me prit dans ses bras, tendrement et délicatement, comme à chaque fois, comme toujours.
« Hello honey » Son sourire illuminait ma journée, il semblait tellement heureux, tellement fort, je le savais fragile pourtant mais quand on a dix-neuf ans tout nous parait tellement simple, je lui souris à mon toujours, chaleureuse et silencieuse que j’étais.
« J’ai une surprise pour toi, on en a tous les deux besoins et des vacances te ferait le plus grand bien vu la tête que t’as » Je souris faiblement et le regardais un peu intriguée.
« Tout le monde n’est pas en médecine Andrew… bon viens en au fait » il se mit à rire en commandant un café. Son rire m’avait manqué terriblement.
« Pas tout le monde passe son fric pour acheter sa dope, Eupho…bref Les Bahamas, toi et moi ça te tente, loin de la vieille Angleterre. » C’est à ce moment que je lui ai sauté dans les bras je crois, des vacances, lui, moi les Bahamas que rêver de mieux.